Le numérique : un secteur particulièrement gourmand en énergie
Le numérique consomme une grande quantité d’énergie et de ressources primaires. En 2019, le numérique français a produit 15 millions de tonnes équivalent CO2 (tCO2eq) d’émissions pour un coût évalué à plus d’1 milliard d’euros. En 2040, si rien n’est fait le numérique pourrait représenter près de 7% des émissions de GES françaises (contre 2% aujourd’hui) et émettre 60% supplémentaires d’émissions tCO2eq pour un coût estimé jusqu’à 12 milliards d’euros[1].
Point noir de la consommation énergétique du secteur du numérique : le cycle de vie des terminaux. 85% de l’empreinte carbone totale du numérique en France est due aux terminaux (ordinateurs, smartphones, tablettes…). Le reste est produit par les réseaux (câbles et antennes pour le transfert des données) et les espaces de stockage (data centers). Le cycle de vie d’un terminal comprend trois phases : la conception, l’usage et la fin de vie. À nouveau, 70% de l’empreinte carbone vient de la fabrication des équipements électroniques. Il est alors légitime de se questionner sur le nombre d’appareils fabriqués. En 2019, il y avait ainsi 34 milliards d’équipements en circulation dans le monde pour 4,1 milliards d’utilisateurs, soit 8 équipements par utilisateur. En 2050, on estime qu’il y en aura 48 milliards.
Évoluer vers de nouvelles pratiques en faveur d’un numérique durable
Notre consommation d’équipements électroniques et notre utilisation quotidienne de ces appareils méritent d’être repensées. Il apparaît essentiel de sensibiliser les prochaines générations à de nouvelles pratiques en faveur d’un numérique durable : réemploi, réparabilité, labels environnementaux garantissant des produits respectueux de l’environnement sur l’ensemble du cycle de vie…
Par ailleurs, le numérique a permis de maintenir l’activité économique pendant la crise sanitaire provoquée par la COVID-19. Selon une étude du cabinet McKinsey[2], la crise sanitaire a accéléré la digitalisation des entreprises d’environ 7 ans en Europe, et de plus de 10 ans en Asie-Pacifique. Les entreprises ont donc placé le numérique en haut de leur agenda stratégique. Ainsi, 92% des équipes informatiques jugent leur stratégie technologique alignée sur les besoins métiers de l’entreprise[3]. Mais peu d’acteurs intègrent l’enjeu environnemental dans leur stratégie numérique. L’impact environnemental du numérique est une donnée clé qui a toute sa place dans le bilan RSE des entreprises. Ces dernières ont ainsi une véritable responsabilité à assumer.
La numérisation au service de l’optimisation énergétique
Le numérique possède un bilan climatique non négligeable. Pour autant, les innovations technologiques permises par le numérique en faveur d’une optimisation énergétique apparaissent comme de véritables solutions durables pour répondre aux problématiques du changement climatique. Comme pour beaucoup d’outils, c’est dans leurs usages que leur pouvoir réside.
Il s’agit alors de changer d’approche : on passe d’une réflexion axée autour d’un numérique faible en énergie (« Green IT ») à un numérique au service de la décarbonation dans tous les secteurs (« IT for Green »). « Il ne s’agit plus de « verdir » des dispositifs numériques, mais bien de penser « by design » des technologies qui œuvrent concrètement dans le sens de la transition énergétique » [4]. À titre d’exemple, les smart grids (réseaux électriques intelligents) permettent de mesurer les dépenses énergétiques et d’ajuster les consommations en temps réel. Ainsi, certaines entreprises ont vu la consommation de leurs bâtiments réduire de 66%[5].
Le concept de « Green IT » peut donc sembler paradoxale de par l’empreinte environnementale du numérique sur la planète. Pour autant de nombreuses solutions existent pour réduire la consommation énergétique du digital. Il importe surtout d’inscrire cette problématique au cœur des pratiques des usagers et des stratégies numériques des entreprises. D’autant plus que la numérisation est une réelle opportunité pour la protection du climat. Les outils digitaux permettent de nouvelles possibilités de mesure, de gestion et d’optimisation de la consommation d’énergie. Si conçu pour être spécifiquement au service d’un monde durable, le numérique est un outil essentiel pour atteindre les objectifs ambitieux en matière de neutralité climatique.
[1] Commission de l’Aménagement du territoire et du développement durable (Sénat) : « 25 propositions pour une transition numérique écologique »(étude de juin 2020)
[2] McKinsey : « How COVID-19 has pushed companies over the technology tipping point—and transformed business forever » (étude d’octobre 2020)
[3] NTT : « 2021 Global Managed Services Report »
[4] BPIfrance Le Hub « Green IT : quel est le vrai impact du numérique sur l’environnement ? » (Usbek et Rica, 8 mars 2021)
[5] TechNative : « It’s not easy going green – but the Internet of Things can help » (article de septembre 2019)